Préambule à ce site
C’est un site expérimental personnel. Aujourd’hui, un site expérimental n’est probablement pas un site avec encore plus de complexité, de sophistication, mais bien plutôt un site qui tente de se centrer sur son propos. Il me semble qu’au début, ce qu’on nous avait vendu avec internet, c’est un outil formidable pour partager nos idées, nos pensées, nos images avec des gens intéressés par les mêmes sujets que nous. Non ?
Quand on voit ce que c’est devenu… une énorme machine à vendre des idioties et à nous abêtir à force de regarder et partager du néant…
Et si on a envie de sortir de cet enfer, comment fait-on ? Je ne sais pas si on peut vraiment en sortir, vue la noyade presque complète des contenus vraiment intéressants, engloutis qu’ils sont dans cette masse gigantesque de merdes de taureau (bullshits). En tous cas, il me parait primordial de ne plus croire qu’on pourrait – avec les grandes plateformes commerciales en place – développer des communautés véritablement structurantes pour nous. Le simple péquin que je suis cherche juste à ne pas devenir plus con et si possible même au contraire devenir plus réfléchi, plus intelligent, dans la mesure où ce mot signifie être toujours en recherche d’une meilleure compréhension des choses, des autres et du monde.
Les grandes plateformes n’ont pas été conçues pour participer à notre émancipation, mais tout au contraire à nous rendre dépendants. Les moyens employés ? provoquer une forte addiction, par un flux continu et permanent de distractions, mettre en avant les contenus spectaculaires, à forte charge émotionnelle, induire un comportement de “gagnant” par une course à la popularité via les likes et autres gadgets, etcetera, etcetera. Tout ça pour des raisons mercantiles et de pouvoir. La soumission à un tel matraquage n’est pas sans conséquences : La pensée en est fragilisée. Suivre ses idées devient difficile car l’énergie et le temps finissent par nous manquer ; et oui… ça consomme ces machins. Notre désir d’exister dans ce monde hystérique nous pousse parfois à commettre consciemment ou inconsciemment des actes pas forcément glorieux – du moins si on n’est pas convaincu par la mythologie des écoles de commerce – et la pensée est en lambeaux. Le fameux fil devient un enfer qu’on scrute ou regarde distraitement dans l’attente de ce qui va enfin combler notre attente, nous nourrir après avoir été vidés consciencieusement de notre substance. Et tout ça prémédité par les concepteurs ; Une vraie horreur.
Il me semble que pour renforcer sa pensée, il faut la travailler, y consacrer du temps. Que ce soit la mécanique, le dessin, un sport, le tricot, n’importe quelle activité nécessite du temps et de la concentration pour devenir intéressante. La pensée ne fait pas exception. Il existe de bons outils, très simples pour avancer sur ce chemin : la lecture et l’écriture. Lire, c’est nourrir notre pensée des pensées d’autres personnes, on se met en mouvement dans sa tête, on se mélange à d’autres sensibilités, d’autres façons de penser, on tente l’ouverture. Écrire, c’est s’essayer à une synthèse de sa pensée actuelle, ou c’est travailler un élément qui nous préoccupe. C’est aussi rendre plus solide, plus cohérente notre pensée, l’éclaircir ; par conséquent la rendre plus apte à être partagée avec d’autres penseureuses, penseureuse non pas dans le sens d’un.e professionnel.le de la pensée, mais plutôt simplement de quelqu’un.e qui – comme nous – marche dans sa tête, qui ôse penser et partager ses réflexions, sans attendre d’homologation d’une quelconque autorité.
Je ne sais pas encore exactement ce que contiendra ce site. Je le souhaite comme une aventure qui se construise peu à peu, au fûr et à mesure de mes avancées, découvertes, inventions personnelles et envies de partage.
Un peu de technique
Bien que n’ayant initialement pas eu de formation à la programmation, j’ai dans ma vie plusieurs fois effleuré ce domaine, principalement par le biais de la musique. Depuis peu de temps, je tente de me former d’une manière un peu plus solide par de l’auto-formation en m’aidant de cours et tutoriels découverts en ligne.
Question programmation web, je pars du début. Je vais donc construire ce site avec le b-a ba, sans aide d’aucun logiciel mis à part un éditeur de texte, un peu de html et de css et peut-être aussi de javascript pour quelques animations (hé ! fondamentalement, je suis quand même un artiste). Je veux pouvoir construire à mon aise sans surabondance d’options qui me desserviraient dans ma recherche de simplicité et de justesse, et surtout je veux comprendre ce que je fais.
La simplicité n’est pas synonyme de laideur. Je trouve la simplicité souvent très belle. Et elle est si nécessaire par ces temps complexes et compliqués à souhait.
Entre autre choses, j’aime écrire et j’aime partager mes textes. Je vais donc faire en sorte de créer un site qui aidera mes lecteurs à se concentrer sur leur lecture. J’éliminerai toute distraction, toute incitation à aller voir plus loin, plus vite, plus haut, plus plus. Je tenterai de mettre en place une mise en page qui incitera mes visiteurs à s’installer confortablement pour une séance de lecture dans un environnement calme et agréable, à ralentir pour prendre le temps de lire avec plaisir. La lisibilité est importante mais le plaisir doit aussi être au rendez-vous et fait sans doute partie de la lisibilité. Tous ces objectifs conditionneront mon choix d’une famille de caractères, leur taille à l’écran, leur graisse, la longueur des lignes, l’interlignage, la couleur du fond de la page, la couleur des caractères et ainsi de suite. Bien sûr, les yeux d’une jeune personne ne sont pas ceux d’un soixantenaire. Les choix que j’opèrerai ne seront donc pas universel. Pour ma part, je vais plutôt m’occuper des yeux affaiblis. Il est à mon sens plus facile à un.e jeune d’accepter une police de caractère un peu grosse qu’à un vieillard de lire une écriture trop petite. Bon ! Au final, ces notions sont certainement en partie subjectives, mais au moins, j’essaye de m’approcher de quelque chose qui ne soit pas trop à côté de la plaque.
Vu sous cet angle, construire mon site web implique dans la mesure du possible d’être bien conscient de mes propres intensions, désirs et objectifs, et de ne pas en faire plus qu’il n’est nécessaire pour la seule raison que ce serait peut-être mieux s’il y avait en plus… Non. Non, un site est beau dans la mesure où il fait corps avec son propos. Si le propos est flou ou démesuré – parce que l’esprit de celui qui le construit est encore trop travaillé de chose parfois contradictoires, il y a toutes chances que ça finisse en labyrinthe, voire en énorme gâteau d’anniversaire. Je n’ai rien contre les gâteaux d’anniversaire et ça peut être un jeu très amusant de travailler à la conception et la réalisation d’un site baroque – voire rococo–, mais c’est bien d’être conscient de ce qu’on fait. Ainsi le plaisir de construire n’est pas sans arrêt troublé par des frustrations ou des choses inavouées.
Non pas que, mais essentiellement du plaisir.
Xavier Dole